The Maids

Hystérie très stimulante

…Après la poésie envoûtante d’Henry James et Britten, l’hystérie de Jean Genet et Peter Bengtson surprend, mais l’oeuvre se révèle ensuite plus variée et complexe.

La langue suédoise paraît d’abord de trop - un opéra contemporain qui ne refuse pas l’outrance, et en plus en suédois! Mais le suédois séduit dans les dialogues parlés et permet peut-être aussi de tenir ces effrayants personnages à distance respectable.

Si la scène initiale jouée par les bonnes est nettement hystérique, la musique trouve ensuite des couleurs vocales et orchestrales plus douces avant de rejoindre de nouvelles tensions, en une succession suffisamment variée et “physiologique”.

Cet opéra de 1994 tient encore la route, ce qui n’est pas si évident! C’est un animal un peu hybride, qui semble jouer de la tension entre un pôle post-romantique (paraphrasé dès l’ouverture) et un autre plus radical explorant la stridence, avec heureusement moins d’acharnement que d’autres.

L’écriture vocale est très… vocale! Elle exige énormément des interprètes, ce qui est toujours délicat pour une oeuvre contemporaine qui ne va pas forcément réussir à attirer de grandes “pointures” du chant, mais au moins Peter Bengtson a-t-il évité le cercle vicieux qui fait que l’on n’écrit plus de parties vocales exigeantes parce que l’on sait que l’on n’aura pas d’interprètes à la hauteur, tandis que ces interprètes ne s’intéressent plus aux oeuvres contemporaines parce que les parties vocales ne les mettent plus en valeur!

En sus des prouesses vocales qui leur sont demandées, les trois solistes sont aussi d’excellentes actrices, caractérisant bien chacune son personnage.

Éric Chevalier évoque “rituel” et “messe noire” dans le programme, et c’est effectivement ce qu’il a choisi de transmettre, sur un mode paroxystique qui colle très bien à la musique, avec aussi ses plages de détente relative. Le décor est carrelé de beige, sans doute moins salissant que le blanc pour des activités sanglantes! C’est une pièce nue avec des ouvertures au fond et un grand autel sacrificiel (à taille humaine) au centre.

Cette oeuvre est en tout cas très stimulante. Sa compacité justifierait une deuxième vision, une fois les surtitres mémorisés!

  • Alain Zürcher, chanteur.net

En strängt geometrisk yttre form Une intense tragédie contemporaine

Dialogue & Discussion