The Maids
Une intense tragédie contemporaine
Nouveau cheval de bataille d’Angers-Nantes Opéra: encourager la création contemporaine. On ne peut que saluer une telle initiative, illustrée par la création française de l’opera du compositeur suédois Peter Bengtson.
Pour son lancement, le choix d’une œuvre marquée par l’hystérie de deux sœurs et leurs impulsions meurtrières a pu, dérouter plus d’un spectateur. De l’univers du non-dit du Tour d’écrou á l’objectivité cruelle du livret de Bengtson, la distance est longue. Certes, un tel sujet ne pouvait être traité sans évoquer les jeux macabres des deux sœurs Papin, fait divers français qui a inspiré l’écrivain Jean Genêt pour son ouvrage Les Bonnes.
La mise en scène d’Eric Chevalier est tantôt déroutante, tantôt fascinante. Un décor de mise à mort, de messe noire et sauvage selon le metteur en scène. Marbre noir, carrelage blanc, sang sur les murs, les deux sœurs s’adonnent au rituel d’un jeu de rôles sadique dans lequel l’une d’elle revêt les habits et les accessoires de Madame. Tout l’opéra transpire la haine latente et refoulée des deux servantes. La violence du prologue fait froid dans le dos. La tentative de meurtre échoue. L’identification extrême pousse alors l’une des sœurs à s’empoisonner.
Tous les ingrédients chers aux compositeurs d’aujourd’hui sont présents: fracas des percussions, clusters, intervalles dissonants, micro-intervalles. John Burdekin et ses musiciens servent de façon admirable la partition intense de Bengtson. Soulignons la performance vocale des deux sœurs: Adelheid Fink (Claire) et Delphine Fischer (Solange) sont troublantes de sincérité.
- Angers newspaper
Hystérie très stimulante Svenskt invigde franskt operahus